La hutte de sudation

L’inipi selon Archie Lame Deer et Wallace Black Elk

 

De manière pratique, la hutte a les mêmes contre-indications que le sauna. Asthme (et encore), maladies cardio-vasculaires. A titre personnel, j’ai fait deux infarctus, et continue sans problèmes à entrer sous la hutte. D ‘autre part, les femmes en période de lunes (ayant leurs règles) ont leur propre hutte. Elle se nomme moon lodge et on la construit sur le bord du quadrilatère de la grande hutte. Je vous joins une petite bibliographie et un texte tiré du livre de White Bird. Quant à la nudité dont vous parlera White Bird, ce n ‘est pas un enseignement que j’ai reçu, ni de son oncle Wallace, et encore moins d ‘Archie Lame Deer. Je demande donc le port du caleçon pour les hommes et d ‘un paréo ou un léger tissu de coton pour les femmes. On entre sous la hutte à la tombée du jour, de préférence en n ‘ayant bu que de l ‘eau ou de la tisane depuis le déjeuner. Nous partageons le repas après. Roxanne et Jean-Claude Bibliographie Black Elk, les voies sacrées d ‘un sioux lakota, Wallace Black Elk et William S. Lyon, édition Le Mail De mémoire indienne, Tahca Ushte ( John Lame Deer), Richard Erdoes, édition Plon Le cercle sacré, Archie Lame Deer, Richard Erdoes, édition Plon White Bird, Indien par le sang, Américain par la loi. L ‘itinéraire d ‘un jeune sioux d’aujourd’hui, édition Balland 1989 Elan Noir parle, John Neihart, édition Le Mail Souvenirs d ‘un chef sioux, Ours Debout, édition Payot
White Bird est né en 1959, dans la réserve de Pine-Ridge, Dakota du Sud. Il est un Lakota, descendant de Crazy Horse, qui s’illustra à la bataille de Little Big Horn. Petit-fils de médecine-men (John Lame Deer et Wallace Black Elk), il a suivi tous les rites d’initiation avant de parcourir la plupart des tribus indiennes des USA. Apres un séjour de trois ans en Europe, White Bird est retourné vivre aux états-Unis. Dans mon souvenir, deux événements ont eu une influence majeure: l’un au début alors que j’avais vingt-deux ans; l’autre à la fin, quelques mois avant de partir pour l’Europe. Il s’agit d’une Sweat Lodge avec mon oncle Wallace, et de ma Quête de Vision que j’effectuai à l’âge de vingt-six ans. La Sweat Lodge est un moyen de se purifier, de se soigner en éliminant toutes les toxines accumulées dans le corps. Du point de vue spirituel, c’est un rite qui nous prépare à voir en nous-même et à recevoir les esprits; à nous éclaircir intérieurement de façon à entrer en communion avec la nature et toutes les choses créées, symbolisées autour de nous par les branches de saule, les pierres, l’autel, l’eau et le feu. Ce rite de purification, ou Inipi, se pratique avant chaque cérémonie, que ce soit une Danse du Soleil ou une Quête de Vision, mais aussi avant toute entreprise requérant force et pureté. Lorsque, pour construire la Sweat Lodge, on va d’abord chercher les saules dans un bois, on fait une prière. Au moment de les couper, on offre une pincée de tabac pour remercier toutes les forces de la nature et pour s’excuser d’arracher la vie de ces arbres, de les soustraire à leur environnement. On prend vingt jeunes saules blancs ou parfois un peu plus à qui vont servir à la structure de la Sweat Lodge. Ils représentent l’énergie vitale, et leur pouvoir dépend en partie de la manière dont on les a abattus et transportés sur le lieu choisi, du respect dont on les a entourés. Parmi ces vingt saules, deux vont représenter l’Est, deux l’Ouest, deux le Nord, deux le Sud. On les plante en terre en déposant à leur pied un peu de tabac pour les aider et les fortifier. On fait en sorte d’appliquer toujours à la construction d’une Sweat Lodge une part physique de soi-même, une part spirituelle, et une part mentale qui réside dans notre savoir-faire et dans la raison pour laquelle nous désirons cette Sweat Lodge. Après avoir planté les huit premiers saules aux quatre points cardinaux, nous les plions et les attachons deux à deux avec leur opposé, de façon à former un dôme: l’énergie se propage à travers eux d’est en ouest et d’ouest en est, du nord au sud et du sud au nord, en suivant la courbe qu’on leur a donnée. Cette disposition a pour but de nous rappeler nos quatre directions initiales, entre lesquelles nous circulons indéfiniment, et de nous faire comprendre que notre vie se développe en harmonie entre l’est et l’ouest, le nord et le sud .

Entre les points cardinaux, c’est à dire au sud-est, sud-ouest, nord-ouest, nord-est, on plante ensuite huit autres saules (quatre fois deux), qui sont pliés et attachés de la même manière. Ils représentent les quatre vents entre les quatre points cardinaux, ce qui porte a huit le nombre de nos directions. Ces seize jeunes saules (huit fois deux) sont reliés entre eux à leurs intersections. Puis les quatre derniers saules coupés sont disposés de bas en haut en quatre cercles horizontaux distincts, qui sont passés entre les seize autres arches de la construction comme s’ils étaient tissés : une fois à l’intérieur, une fois a l’extérieur. On commence par le bas, avec le plus grand cercle, puis on installe les autres en remontant vers le sommet. Je reviendrai plus loin sur la signification de ces cercles. Sur le dernier, le plus haut, on accroche cent cinq tobacco ties ( Petits sachets de tabac confectionnés dans un carré de tissu et fermés par une ficelle) reliés les uns aux autres par une ficelle qui court en guirlande autour du bois. Ce dernier cercle contient en lui a la fois l’énergie physique, le cœur et l ‘émotion qui ont été déployés pour l’édification totale de la structure. L’ensemble de la charpente forme maintenant comme une petite hutte que l’on recouvre d’une bâche en tissu (autrefois on y mettait des peaux, des couvertures ou des branchages). Une fois terminée, la Sweat Lodge a la même forme arrondie que le ventre d’une femme enceinte allongée sur le dos. Quand on y pénètre, on retourne dans le ventre maternel, que ce soit celui de sa propre mère ou celui de la Terre-Mère. Parce que nous étions complètement nus lorsque nous sommes venus au monde, nous retirons tout ce que nous portons sur nous avant d’entrer dans la Sweat Lodge, vêtements, montres, objets, etc. Et de même qu’avant de naître nous baignions dans un élément liquide et chaud à l’intérieur de la mère, nous nous purifions par l’eau et la chaleur que dégagent les pierres au centre de la hutte. Quand on construit la Sweat Lodge, chaque intersection entre les seize pôles doit être maintenue par un lien solide pour que les saules restent toujours en contact, comme des mains croisées l’une dans l’autre. Au milieu de la hutte, on creuse un trou qui est le centre de l’univers où demeurent les esprits. C’est là que vont être déposées les pierres qui sont chauffées à blanc dans un feu à l’extérieur. Ces pierres représentent les ancêtres. Lorsque nous les choisissons, ce ne sont que des pierres ordinaires; mais par la suite elles sont bénies, et nous leur transmettons le respect que nous témoignons a nos ancêtres. Dès lors, toute manipulation de ces pierres doit être accomplie avec le plus grand soin, le plus grand égard. La personne qui a la charge du feu et qui apporte les pierres chauffées à l’entrée de la Sweat Lodge sans jamais y pénétrer, doit veiller à effectuer tout cela d’une manière très positive. La terre extraite du centre est placée à l’extérieur de la hutte, à environ un mètre de la porte, de manière à former un petit tertre aplati au sommet. Tout autour de lui, à même la pente, on dispose vingt-quatre bâtonnets qui sont les coupes du bois qui n’a pas été utilisé pour la structure de la hutte ou qui pour le cas où il ne reste rien proviennent des quelques saules que l’on prend généralement en plus. A côté de la « Loge Mère », cet autel symbolise la Lune avec ses douze aspects positifs et ses douze aspects négatifs. Quand nous passons devant lui avant d’entrer dans la Sweat-Lodge, nous y déposons nos objets sacrés – pipe, cristal, pierre, – ou personnels – bracelets , bagues, montres à qui seront gardés par les vingt-quatre bâtonnets. Comme je l’ai dit nous pénétrons dans la Loge aussi nus qu’un enfant à la naissance, pour retrouver notre pureté originelle. La porte de la Sweat-Lodge est toujours orientée à l’ouest (et non à l’est, comme c’est le cas pour l’entrée du tipi ou celle de la Danse du Soleil). C’est dans cet axe, à une dizaine de mètres à l’extérieur, qu’est installé le feu rituel où sont chauffées les Pierres. Le foyer et la Loge sont reliés par un chemin emprunté par l’assistant chargé d’apporter les pierres. A chacune de ses extrémités, le chemin se termine par un cercle symbolique qui entoure d’un coté le foyer, de l’autre la Loge. Lorsque celui qui dirige la Sweat-Lodge, l’officiant, est sur le point d’entrer, suivi des participants, il franchit ce cercle à l’ouest, près de la porte, et contourne la Loge dans le sens nord-est-sud, c’est à dire dans le sens des aiguilles d’une montre. Il passe ainsi devant l’autel, puis parvient à l’ouest devant l’entrée. Une fois à l’intérieur, il se déplace dans le même sens en tournant par la gauche, et va s’asseoir à droite de la porte. Il fera de même pour sortir, ainsi que tous les participants, chacun décrivant un cercle complet a l’intérieur de la Loge. Ceci est une reconnaissance que les ancêtres sont tout autour de nous, et que la Sweat Lodge constitue un moyen de revenir à l’intérieur de ce cercle sacré (entre le moment où il entre et le moment où il sort chaque participant a effectué un cade complet (voir planche).

 

 

Tant que l’on est dehors, c’est bien de rire et de parler, mais quand vient le moment d’entrer, il faut laisser ce que l’on sait à l’extérieur de la porte, sur l’autel: oublier la religion, la politique, ses soucis quotidiens, ses préoccupations immédiates. Lorsque l’on entre, on entre pour se purifier, pour prier humblement pour soi et pour les autres. On peut être facilement distrait par la présence des différentes personnes; c’est la preuve que l’on n’est pas prêt, que notre esprit est ailleurs. A l’intérieur, on doit montrer du respect pour toute la création, y compris pour celui qui est assis à côté de nous. Les ancêtres,les pierres, ne sont pas introduits au centre seulement pour soi ou pour quiconque en particulier, mais pour tout le monde à la fois. Quand les participants sont assis, on apporte donc les pierres. Elles sont introduites en quatre étapes successives. Quatre fois la porte est ouverte, à quatre reprises la Loge est plongée dans l’obscurité. L’officiant est chargé de verser de l’eau sur les pierres pour élever la température, de diriger le rite et les prières, de contrôler que tout se passe bien pour chacun. La première porte est pour notre physique, pour nous-mêmes. Elle correspond au premier cercle qui entoure la structure de la Loge, le cercle inférieur. Cette porte est la conscience de notre corps et de nos sensations physiques. La seconde porte est pour notre mental (de même le second cercle symbolise le monde mental). Cette étape doit nous permettre de comprendre et d’accepter ce que nous sommes en train de faire. La troisième porte est pour nos émotions, qui nous ouvrent aux pouvoirs purificateurs. Avec elle, nous réalisons le sens de la prière et son importance pour renaître ensemble. Il fait de plus en plus chaud dans la Sweat Lodge et chacun en ressent les effets dans son corps et dans son mental. Le corps se purifie en éliminant les toxines, et il appartient à chacun de transformer cette énergie dans son esprit pour que le corps supporte la chaleur et que l’on cesse d’y penser. La troisième porte est en général la plus difficile à traverser. Le corps respire mieux, élimine, renaît. Mentalement, nous vivons une nouvelle naissance dans le ventre de la Terre-Mère. Cette re-naissance nous bouleverse et suscite en nous des vagues d’émotions. La quatrième et dernière porte est pour la spiritualité. On prie maintenant avec les quatre composantes de son individualité, le physique, le mental, l’émotionnel et le spirituel, comme un être complet. Cette porte est celle de la compréhension et de la reconnaissance du mystère de la vie. Lorsqu’elle sera ouverte, on sortira en pleine lumière aussi neuf qu’un nouveau-né. Elle est liée au dernier cercle situé au sommet, là où sont enroulées les offrandes de tabac. Vu du dessus, le sommet de la Loge forme une étoile. à la différence de l’étoile de David, celle-ci à huit pointes. Dans ce dessin, il y a autant d’espoir que dans une étoile C’est à cet endroit que se tient l’Aigle Spirituel (ou l’Oiseau-Tonnerre (Wakinyan Tanka), de même que les astres, Tonnerres, selon la spiritualité sioux, sont en réalité des avatars de Wakan Tanka. Manifesté sous la forme d’un Aigle, il a pour fonction particulière de débarrasser le monde de ses impuretés) qui a recueilli nos prières et dirigé l’énergie venue du ciel, des quatre directions, de toute la création, pour la centrer sur la terre où nous sommes assis. Quand s’achève la quatrième porte et qu’elle est finalement ouverte, toutes nos prières et nos impuretés forment un nuage qui vient envelopper l’Aigle. Celui-ci emporte le nuage haut dans le ciel et le dissipe sur toute la création, annonçant qu’une nouvelle naissance vient d’avoir lieu. Nous sommes nés a nouveau. En effet, lorsque l’on sort de la Sweat-Lodge, on ressent intensément l’énergie vitale autour de soi et en soi, plus forte, plus fraîche, renouvelée. Tel est le sens du rite de purification. Revenus dans le ventre de notre mère la Terre, nous nous sommes lavés de tous nos excès, réveillant à chaque porte un niveau de compréhension différent pour parvenir à une grande clarté intérieure. C’est pourquoi il faut savoir rester humble et reconnaissant devant cette médecine naturelle, qui met tant d’éléments en action pour nous aider. Une fois la cérémonie terminée, on laisse le plus souvent la structure de la Sweat-Lodge sur place, et il arrive que les jeunes saules reprennent racine d’eux-mêmes, se mettent à pousser et à bourgeonner enlacés les uns aux autres. Et tandis qu’ils grandissent, les quatre cercles horizontaux éclatent, ouvrant la hutte comme une fleur. On peut aussi laisser la Loge et veiller à ce qu’elle reste telle quelle pour d’autres utilisations. On peut encore la dénouer pour que les arbres reprennent leur position naturelle. A vrai dire, il n’y a pas de règle, tout dépend des raisons qui nous ont amenés à faire cette Sweat-Lodge. Quant aux pierres, on doit les sortir du trou dans lequel elles ont été déposées. On les place autour du foyer qui a servi à les chauffer, le long du chemin qui mène à la hutte et autour de celle-ci. Elles ne doivent jamais servir deux fois, mais « gardent » la Sweat-Lodge en témoignage d’un enseignement passé. Elles rappellent que les ancêtres sont là en permanence pour protéger de nouvelles vies, qu’ils sont toujours, éternellement présents. Le nombre des pierres utilisées au cours d’une Sweat-Lodge varie en fonction de la cérémonie à laquelle on se prépare. Si par exemple, on s’apprête a faire une Hamblechia, une Quête de Vision, il est possible de n’employer que six pierres pour chaque porte, symbolisant les six directions: devant, derrière, à droite, à gauche, au-dessus, au-dessous. Si par contre on désire faire une Sweat-Lodge pour prier avec la Pipe Sacrée, on peut utiliser huit pierres, quatre pour les directions cardinales, quatre pour les vents. On introduit huit pierres à chacune des portes, soit un total de trente-deux. Trente-deux est le nombre des côtes d’un bison, ce qui est en soi une image significative de plus pour notre peuple: nous tenons notre force du bison et de sa manière d’agir. Par ce qu’il suggère, ce nombre nous aide a réaliser que nous sommes plus forts que nous le croyons. Si l’on veut se purifier en vue d’une guérison, on peut faire venir une soixantaine de pierres, ou bien ouvrir successivement six portes, jusqu’à être vraiment nettoyé de toutes ses impuretés Quel que soit le cas, on sort toujours d’une SweatLodge épuisé, mais dans un état de bien-être et de sérénité complet. Après être allé au bout de ses émotions, on se sent apaisé, heureux de partager ce moment avec les autres, en qui on reconnaît la même force. Cela n’a rien à voir avec un sauna ordinaire, au cours duquel on peut aller et venir, ou même prendre une douche. Dans la Sweat-Lodge, on reste jusqu’au bout, tous ensemble. Et si nous sommes dans une disposition vraiment spirituelle, alors nous devenons conscients de la vie qui nous entoure, nous sentons la renaissance s’opérer en nous, en même temps qu’un désir fou de remercier la création tout entière. » White Bird, Indien par le sang, Américain par la loi. L’itinéraire d’un jeune sioux d ‘aujourd ‘hui, éditions Balland 1989

Tiré de : Inipi, le chant de la terre. Enseignement oral des indiens Lakota Nombre de visites depuis le27/06/2003 :

La hutte de sudation ou Inipi selon Archie Fire Lame Deer et Wallace Black Elk (tradition sioux Lakota). Entrer sous la hutte, c ‘est se plonger au sein de la terre mère, dans la vapeur dégagée par l ‘eau sur les « esprits-pierres » chauffés au rouge. Black Elk dit qu ‘on entre sous la hutte pour demander à Tunkashilla, le Grand Esprit, de l ‘aide et une bonne santé, et Archie Lame Deer, pour prier. La hutte peut impressionner, car nous sommes dans le noir, avec juste la lumière dégagée par les pierres chauffées au rouge. La vapeur peut faire peur, car elle nous prend d ‘un coup. C ‘est la condition de la purification qui est le cadeau de la hutte. Purification du corps, car nous suons abondamment nos toxines, purification de l ‘âme, car nous retournons nous blottir au sein de la terre, purification de l ‘esprit, car nous nous relions au monde qui nous entoure et à l ‘Esprit. Voici quelques photos de hutte. Vous voyez, il s ‘agit d ‘une petite installation simple.