La Papesse Jeanne

La papesse Jeanne est une femme qui aurait usurpé la papauté catholique en cachant sa véritable identité sexuelle. Son pontificat est généralement placé entre 855 et 858, c’est-à-dire entre celui de Léon IV et Benoît III, au moment de l’usurpation d’Anastase le Bibliothécaire. Le personnage est considéré comme légendaire par les historiens.

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Papesse Jeanne

La papesse Jeanne en train d’accoucher. Gravure issue des Dames de renom de Boccace, ch. XCIX, « De Ioanne Anglica Papa »
“La Cronica delle vite de Pontefici et Imperatori Romani est généralement attribuée sans preuve à Pétrarque. Ce texte, qui fut pour la première fois imprimé à Florence en 1478 puis à Venise en 1534, est surtout célèbre car il élève la papesse Jeanne au rang de personnage historique. En Italie, une tradition vivace voulait qu’une femme d’origine anglaise, mais née à Mayence, se fût travestie en homme pour poursuivre des études avec son amant. Ils se rendirent à Athènes puis à Rome. Anna ou Agnès, tel aurait été son prénom, dissimulant toujours son sexe, fut reçue dans les milieux ecclésiastiques et en particulier, par la Curie. Son savoir et son charisme furent tels que le conclave l’éleva sur le trône de saint Pierre. Mais ce qui devait arriver arriva. La papesse se retrouva enceinte. Au cours d’une procession qui se déroulait entre Saint-Pierre du Vatican et Saint-Jean de Latran, elle fut prise de contractions et fut contrainte d’accoucher publiquement. Ce qui lui valut d’être condamnée à mort.”
“L’existence de la papesse Jeanne fut incontestée jusqu’au XVIe siècle. Aux rares sceptiques, qui trouvaient l’anecdote un peu emberlificotée et les documents peu convaincants, on rétorqua longtemps que les preuves étaient abondantes et irrécusables. D’ailleurs au palais du Latran, après l’élection de chaque nouveau souverain pontife, un diacre était supposé vérifier manuellement l’existence de ses parties génitales (dénommées à juste titre les Pontificales” !), au travers d’une chaise percée, faite de porphyre, spécialement destinée à cet effet. Après avoir effectué son contrôle, le diacre était censé lancer ce cri de victoire “Habet duos testiculos et bene pendentes !”. L’argument semblait imparable.”
Il semblerait que “La Papesse Jeanne” soit un résumé de tout le comportement misogyne et anti féministe de la chrétienté, ainsi que de sa dégénérescence. Elle fut un argument imparable des anti-papistes.
La Papesse du tarot a-t-elle quelque chose à voir avec cette légende (considérée jusque tardivement comme vraie)? Pour les imagiers de la fin du XIVè siècle, la Papesse Jeanne avait existé et faisait partie de l’Histoire de la chrétienté. La mettre en image les plaçaient automatiquement dans le camp des contestataires de la religion, sans les positionner en opposants. En la dessinant, ils ne risquaient donc pas le bûcher et promouvaient ainsi à peu de frais “l’ancienne religion”, celle des vierges noires, des sources guérisseuses et de Ann, la terre-mère porteuse de toute sagesse. Est-ce suffisant pour la justifier dans le tarot? Pour une grande part certainement, car ainsi ils redonnaient au sein de leur philosophie et de leur vision du monde, une place aux femmes, équivalente à celle des hommes.
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