Louis Charpentier: Les Jacques et le mystère de Compostelle

“Maître Jacques est un pyrénéen. La légende donne même son village d’origine : Carte. Il est, dans l’hypothèse de son existence réelle, de la race qui a couvert l’occident de dolmens. Ligure, il est sectateur de Lug et de l’Oie. C’est un jars, un Maître Jars. Maître, il est initié à la nature de la pierre et la légende note bien qu’il taillait la pierre depuis l’âge de quinze ans.

Au temps de la construction de son temple, Salomon fit appel à Hiram, roi de Tyr, qui disposait d’ouvriers de la pierre, du bois et du métal. Celui-ci convoque Maître Jacques pour venir l’aider, avec quelques compagnons, dans cette construction.

Cela se passe vers les années 900 av JC. En 900, ce sont encore les Phéniciens qui sont maîtres des mers en Méditerranée et ils parcourent encore l’Atlantique, par delà les colonnes d’Hercule, pour commercer avec Tartessos (pour le compte de Salomon, entre autres), pour recueillir l’étain et peut-être l’or à Noya de Galice, en Armorique, aux Iles Cassitérites au bout de la côte de Cornouailles.

Cette même légende donne Maître Jacques comme responsable de la colonne Jackin et peut-être également de la colonne Boaz.

Les traducteurs de la bible donnent généralement comme signification à Jakin : “il affermira”, mais en langue basque ce mot signifie : savant ou le savant. Le premier Livre des Rois (VII-22) ajoute : au sommet de ces colonnes était un ouvrage en forme de lis. Lis, trident, ou patte d’oie? La marque eut été valable, tant pour Hiram, du “peuple canard”, que pour Maître Jacques et sa patte d’oie.

La légende compagnonique ajoute que, comme à l’occasion de la construction du temple, on avait embauché beaucoup d’étrangers qui parlaient des langues différentes, le roi Salomon leur aurait donné un système de signes applicables à la construction, et permettant aux ouvriers de se comprendre sur le chantier sans recours à un langage articulé.

Cet ensemble de signes, toujours utilisé, semble-t-il par les compagnons des Devoirs, disposé sur un cercle, porte le nom de “Pendule à Salomon” et se trouve lié, de façon ou d’autre, au chrisme que l’on retrouvera tout au long  du chemin de Saint Jacques.”

– Louis Charpentier 1971