La grande grève des cathédrales

18 mars 1314

 

Le drame de l’exécution des dignitaires du Temple le 18 mars 1314 eut deux conséquences que le roi Philippe le bel n’avait certainement pas envisagé.

Tout d’abord, le Temple était aussi une immense et tentaculaire organisation bancaire et thalassocratique. Son réel trésor était ses comptoirs et ses agents comptables répartis sur l’ensemble du bassin méditérranéen et dans toutes les villes européennes. Ses lettres de change valaient chèques. Sa marine faisait le lien et maintenait l’ordre. Le désastre fut comparable à la faillite des banques en 1929. La finance européenne se recentralisa en Italie du nord et les comptables du Temple devenus banquiers réactivèrent les réseaux à leur compte personnel. La banque lombarde était née. La Sérénissime République de Venise reprendra, à son profit bien sûr, le flambeau de la domination du commerce et des lignes maritimes en Méditerranée, et pour deux siècles l’orgueil d’un roi fera sombrer la France dans les guerres et la misère.

La seconde conséquence catastrophique fut le départ de pratiquement l’ensemble des professionnels formés par le compagnonnage vers des horizons variés : Italie, Portugal, Moyen Orient …

Ci-dessous : Jacques de Molay, … exécuté le 18 mars 1314, ile aux jones, Paris

Jacques de Molaybûcher des Templiers

Cet après midi là, les maîtres de fraternité présents, comprirent que les prochains à passer sur les bûchers ce seraient eux. Alors ils décrétèrent la “Grande Grève des Cathédrales”. En l’espace de trois semaines, les chantiers en cours furent abandonnés et la presque totalité des personnels prit les chemins de l’exil. Ces chantiers ne seront repris que beaucoup plus tard, avec de grandes difficultés, par les religieux. Le seul bâtiment construit après 1314 fût la basilique Notre Dame de l’Epine (1405/1527), à côté de Châlons sur Marne, sur des plans datant d’avant. Les plans et l’effet induit par la forme sont corrects, mais la science des manipulations énergétiques est absente.

 

Notre Dame de l'Epine

 

Construire sacré, c’est construire en tenant compte des forces souterraines issues du plus profond de la terre. Ces forces que depuis les temps les plus anciens on respectait sous le nom de wouïvre.

Un  site sacré est un lieu, qui, à l’état naturel, est puissamment géopathogène. Souvent, c’est un croisement de cours d’eau souterrains qui le rend dangereux pour le vivant. Il fonctionne sous un principe électrique simple. Lorsque vous avez une charge importante dans le sous sol, l’équilibre micro-électrique de surface se fera en attirant une force équivalente venue de la magnétosphère. Les forces issues de la terre sont jaillissantes, celles du cosmos, sont descendantes. Lorsque vous êtes sur un point géopathogène, vos pieds sont à l’équilibre micro-électrique, mais pas votre tête. Ces forces vous vident littéralement de vos énergies qui sont aspirées et digérées par la terre. Les constructeurs du sacré ont toujours utilisé ses points pour leurs bâtiments. Plus ils étaient dangereux, plus ils les intéressaient car plus la force issue de la terre était importante. Cette force, les maîtres d’oeuvre-voyants en visualisaient l’aura et construisaient autour, à sa mesure. Celle-ci se décompose en trois couches. La première, la plus près de la terre, est celle qu’ils utilisaient à l’époque mégalithique pour leurs dolmens, la deuxième, médiane, est celle du peuple du roman, et la troisième, la plus grande, celle du gothique. Avec la pierre, en les utilisant comme des micro piles, ils montaient une cage pour cette aura et faisaient couler à l’extérieur du bâtiment les forces issues du cosmos, libérant ainsi la wouïvre qui remplissait l’intérieur. Les cryptes sont toujours romanes et sont des modernisations des dolmens.

Les constructeurs du sacré avaient le sentiment d’installer des “machines”. Pour eux, leurs oeuvres étaient des “athanors” destinés à transmuter les populations. Les évêques de ces temps étaient les enchanteurs de ces machines et dirigeaient d’immenses transes collectives. A Chartres était pratiqué au solstice d’été la transe de la chenille. A l’aube les portes étaient ouvertes, et, un par un, à la queue le leu, la population entrait, rythmant tous ensemble des pieds le balancement de la chenille. Boum à gauche, boum à droite, de leurs pas lourds, ils avançaient lentement vers le labyrinthe, et, après en être sortis, ils continuaient le balancement et allaient tranquillement s’entasser sous les voûtes. Toute la journée, boum, boum, le balancement continuait, s’amplifiant sans cesse, et, le soir venu on fermait les portes pour que la cathédrale vibre au maximum. Au signal de l’évêque, tout à coup ces milliers de personnes s’arrêtaient et en une fraction de seconde, magique d’un silence hallucinant, toute cette population entrait en transe et fusionnait avec le divin.

 

Labyrinthe de Chartres

 

C’est tout ça que Philippe le Bel assassina sur le bûcher des templiers. Il ouvrait toute grande la porte à la dictature des religieux, le temps noir de l’Inquisition commençait. L’immanence platonicienne laissait la place à la transcendance aristotélicienne. Saint Augustin était vaincu par Saint Thomas d’Aquin. L’être ne pouvait plus fusionner avec le divin sur ses propres forces, il lui fallait la “grâce” divine, que bien évidemment, seuls les prêtres et leurs rituels pouvaient induire.

Les Templiers avaient protégé les fraternités de constructeurs, quelle que fût leur obédience, des religieux et des seigneurs. Leur disparition les laissaient seuls face à leurs impitoyables ennemis.

Le sacré désertait l’occident atlantique chrétien.

Des professionnels de cette qualité sont rares. Partout où ils allèrent, ils furent bien accueillis. Venise était la richissime puissance dominante en Méditerranée, ils y travaillèrent. En Italie du nord où les comptables du Temple furent à l’origine des grandes familles des banquiers lombards, ils firent la Renaissance mais en s’y intégrant, ils perdirent leur particularisme et se sécularisèrent. Dans les royaumes d’outre mer, c’est à dire au Moyen Orient, en Cilicie en particulier, ils réussirent à conserver leur âme et à maintenir leur culture ancestrale en l’état. La science du “pèlerinage de l’âme”, qui avait ossaturé leur spiritualité depuis les temps immémoriaux y survécu et ils réussirent à nous la transmettre grâce au tarot.
Fait à Sainte-Suzanne le 25 juin 2006